Après ses études secondaires, Durando entre au séminaire en 1828, ses parents, Jean-Baptiste Durando et Clotilde Gastaldi, le destinant à la prêtrise. « Mais son caractère indépendant, aventureux et même quelque peu fantasque ne put se plier à la discipline rigoureuse de cet établissement » ; il fait « diverses escapades », puis quitte le séminaire définitivement ; il rejoint l’armée en 1830 et devient officier, avant d’en démissionner huit années plus tard, afin de voyager librement. Il parcourt l’Italie tout en menant des études (il obtient l’équivalent du baccalauréat es sciences en 1839 et suit des cours à l’université de Pise) ; il quitte ensuite l’Italie pour la France ; il obtient à la Sorbonne une licence ès sciences en 1842. Dans les années suivantes, il voyage entre l’Italie et la France, et consacre une partie de son temps à herboriser, avec certains des plus grands naturalistes de l’époque : Jussieu, Decaisne, Reichenbach. Il correspond aussi avec Leichhardt, qui conduit plusieurs explorations en Australie.
Il vit à Paris entre 1846 et 1850. Ses liens avec l’Ecole sociétaire sont alors bien établis. « En 1846-1847, j’ai eu le bonheur de fréquenter le cercle phalanstérien, rue de Seine, puis en 1848-1849, celui de la rue de Beaune ; j’en ai gardé douce souvenance, car alors on espérait une prompte réalisation de nos consolantes idées », se souvient-il en 1875 ; il se rappelle avoir notamment discuté avec Eugène Nus (le destinataire de sa lettre) : « tous les deux, nous criions toujours ‘’hors la science de l’harmonie sociale, pas de salut pour l’humanité’’ ».
En février 1850, il quitte Paris pour l’Algérie ; il séjourne quelques temps à Saint-Denis du Sig, dans les locaux de l’Union agricole d’Afrique ; « j’espérais voir se réaliser une école vocationnelle où j’aurais pu être employé ; en attendant, j’explorais la flore des environs » ; il fait alors des excursions autour de St-Denis et d’Oran, recueillant des plantes qu’il communique aux botanistes. Mais, « après trois ans d’attente, et neuf mois de fièvre », en fait au cours de l’année 1852, il s’installe à Alger, où il est employé à l’herbier du Jardin d’essais du Hamma (ou Jardin d’acclimatation) ; il est chargé de la conservation et de l’accroissement de l’herbier qui y a été formé, et de la récolte de plantes vivantes et de graines destinées aux cultures. Il organise bientôt avec un grand succès des excursions botaniques et des cours publics. En 1853-1854, il retourne quelques mois en Europe, d’abord en Italie, puis en France ; il en ramène ses livres et ses collections à Alger où il compte rester durablement. De 1854 à 1857, il subvient à ses besoins grâce à ce qui lui reste de son patrimoine et à quelques cours de botanique et d’italien. En 1857, il obtient un poste de pharmacien interne à l’hôpital civil d’Alger-Mustapha, où, dit-il, il a « eu l’occasion d’étudier beaucoup de maladies sociales » ; mais au bout de cinq ans, il démissionne de ces fonctions « peu en rapport avec son caractère ». Puis, afin de subsister, il accepte un emploi de secrétaire agent-comptable de l’Ecole de médecine d’Alger.
En 1863, il est nommé bibliothécaire et conservateur du musée de l’Ecole de médecine et de pharmacie d’Alger, emploi auquel il ajoute en 1865 celui de secrétaire comptable de l’Ecole.
Parallèlement à ces activités professionnelles, Durando continue ses herborisations ; dans ses « excursions scientifiques, littéraires et artistiques » autour d’Alger, il est accompagné par « une centaine de personnes des deux sexes, de tout âge, de différentes professions [...] ; on visite ainsi les délicieux environs d’Alger agréablement et à bon marché ». En janvier 1875, son condisciple César Daly, venu passer l’hiver en Algérie, participe à l’une de ces promenades . Mais Durando mène aussi des recherches sur la flore de régions plus éloignées d’Alger ; il est en relation avec les naturalistes de nombreux pays, et envoie des plantes pour des herbiers et des jardins botaniques. Il découvre en Algérie plusieurs plantes jusqu’alors inconnues et participe en 1878 au congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences . A l’occasion de ce voyage, il visite le Familistère de Guise .
Son engagement fouriériste reste constant, comme en témoignent sa correspondance adressée à l’Ecole sociétaire, ses abonnements renouvelés à La Science sociale et au Bulletin du mouvement social, ainsi que sa participation au banquet fouriériste qui se déroule dans les environs d’Alger le 7 avril 1873 ; il y prononce quelques mots : « Ne nous laissons pas décourager par les obstacles, mais prononçons le cri américain : Go ahead » . Il appartient à un groupe fouriériste algérois, qui, dans les années 1860, a fondé une épicerie sociétaire, un crédit mutuel et une boulangerie coopérative, cette dernière ayant rapidement échoué. Son « amour de l’humanité » est même supérieur à celui qu’il a pour les plantes, écrit l’auteur d’une nécrologie de Durando. « Aussi un peintre chargé de faire son portrait et désirant avoir devant les yeux un modèle bien vrai, pria-t-il une personne d’assister aux séances de pose et de maintenir la conversation sur l’utopie phalanstérienne. La figure de l’excellent homme s’illuminait. Il en résulta une œuvre remarquable ».
Il démissionne de l’Ecole de médecine en 1875. La municipalité d’Alger crée alors pour Durando, qui jouit d’une certaine notoriété à Alger grâce à ses herborisations publiques et gratuites, une chaire de botanique rurale et populaire des écoles communales. Il remplit cette fonction jusqu’à sa mort et continue ses herborisations publiques, dans le cadre d’une section du Club Alpin ; Karl Marx, qui séjourne à Alger entre février et mai 1882, est invité à y participer à plusieurs reprises, mais doit y renoncer en raison de son mauvais état de santé [15].
Il décède à l’hôpital de Mustapha en janvier 1892. Son nom (avait) été attribué (avant 1962) à une avenue et à une clinique d’Alger.»
Bernard Desmars
Pour plus d'informations:
http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article786