Le volume IV de l'ouvrage de Paul Boudy traitant de l'Économie forestière nord-africaine est consacré à la description forestière de l'Algérie et de la Tunisie. Il y est évoqué les Forêts d'Ain Manaa, ensemble de territoires couvrant une superficie de 1 800 ha ayant le statut de forêts communales non soumises au régime forestier et situées dans le douar Aïn Manaa. Ces boisements de chêne vert et de genévrier oxycèdre paraissaient, au début des années 1950, de médiocre qualité.
Que sont devenues ces formations forestières depuis ces cinquante dernières années?
À partir de 1966, il a été régulièrement proposé d'actualiser l'inventaire des forêts d'Algérie entrepris sous la direction de Boudy. L'administration forestière a toujours rejeté cette idée préférant confier à des entreprises la tâche d'évaluer la consistance du patrimoine ligneux compte non tenu des données cadastrales déjà réunies comme de la nature juridique des propriétés.
On sait que depuis le milieu des années 1970 le personnel de l'administration forestière s'est cru dispensé de l'une de ses importantes missions permanentes qui est de vérifier et éventuellement de rétablir le bornage périmétral des propriétés dont il a la gestion. On n'ignore pas également que les nationalisations du début des années 1960 n'ont pas été suivies de l'établissement des documents cadastraux et légaux accompagnant toute modification dans un patrimoine foncier.
Le cadastre forestier est à l'ordre du jour depuis le début des années 1990. Hasardons-nous à affirmer que cette opération, qui devait être achevée depuis bien longtemps, figurera encore dans l'agenda du service forestier durant un temps excessivement long pour la raison qu'on a décidé qu'il est inutile de prendre en compte les titres de propriété laissés par l'administration forestière française.
Or ces titres de propriété sont obligatoirement le point de départ de toute opération de mise à jour de la consistance du domaine forestier qu'il relève de l'État, de communes - s'il y a lieu, de particuliers ou de toute autre entité.
Au début des années 1980, l'ensemble des titres de propriété et des fascicules de gestion (les ancêtres de Sommiers forestiers) étaient très soigneusement classés dans l'une des sous directions de l'administration forestière centrale.
Est-il certain que ces documents existent toujours au niveau de la Direction générale des forêts?
Est-il sûr que les documents juridiques liés aux propriétés forestières censées relever de leurs compétences sont disponibles au niveau des conservations, des circonscriptions, des districts, des triages, comme c'était encore le cas à la fin des années 1960?
Même si bien évidemment seuls les gestionnaires actuels peuvent répondre à ces interrogations, il y a fort à parier que les agents de terrain sont dépourvus de tout ou grande partie des pièces cadastrales indispensables à leur travail ordinaire notamment en cas de contentieux devant les tribunaux.
Réf.
Grim, S. - La propriété forestière en Algérie vers le milieu du XXème siècle. Annuaire et Index. Eaux et Forêts, 1966, 63 p.