Je confirme donc ce que j'écrivais il y a à peu près trois ans sur djelfa.org. Notre rôle est de témoigner, que ce soit par l'écrit ou par la photographie. Du temps où les images Google Earth des forêts des monts des Ouled Nail n'avaient pas une résolution suffisante, c'étaient principalement des photographies Panoramio-Chouiha qui montraient l'état des formations boisées de la région; il en était d'ailleurs de même du reboisement de Moudjebara et des plantations longeant deux grands axes routiers de votre région.D'autres ont apporté par la suite leur contribution et c'est bien qu'il en soit ainsi.
Les forêts des monts de Daia et de Saida présentent également, pour ce qui me concerne, un grand intérêt y ayant travaillé assez longtemps. Là-bas aussi la situation n'engage pas à l'optimisme mais l'essentiel pour des gens sans pouvoir de décision comme nous est de témoigner de ce qui fut et de ce qui est.
La nature a pourvu la région de Djelfa de forêts superbes et à la fin des années 1960 il paraissait possible d'en conserver le capital, de l'accroitre même, tout en leur assignant une fonction économique pérenne. Les riverains employés dans les chantiers forestiers en 1968 et 1969 se sont rapidement montrés, sous la direction de Abdelhamid Bérini, à la hauteur de ce qui était attendu d'eux.
La qualité du bois s'y prêtant, il avait été envisagé la création d'une unité de panneaux de particules - installée avec du retard mais installée quand même - d'une capacité de production de 30 000 m3 par an. Comme beaucoup de choses erronées ont été dites ou même écrites, il faut préciser que ce volume correspond à un prélèvement moyen de 0,15 m3/ha/an pour les 200 000 ha de formations forestières que couvrait alors la circonscription des forêts de Djelfa.Je confirme encore aujourd'hui que cette quotité de coupes n'était appelée qu'à s'accroitre puisque, après l'installation du réseau de compartimentage et de desserte devaient succéder dans le cadre des aménagements prévus des opérations sylvicoles comprenant des plantations.
L'usine que j'ai visitée en son temps, semblait fonctionner dans des conditions acceptables jusqu'au jour où, à mon sens, avec une inexplicable discrétion, il fut décidé de la fermer.
J'évoque avec vous cette question après avoir lu dans un mémoire de doctorat en sciences que l'usine de panneaux de particules de Télagh, dont j'ai été également à l'origine, avait été fermée parce que les massifs forestiers de la région ne disposeraient pas d'un capital ligneux sur pied suffisant pour l'approvisionner.
L'auteur parle de 30 000 tonnes alors qu'il s'agissait de 30 000 m3; il prétend également que le prélèvement sur les forêts de la région devait atteindre 2 m3/ha/an pour alimenter l'unité industrielle. C'est une indication absolument fausse et, sur les 200 000 ha que couvraient à l'époque, c'est à dire en 1972, la circonscription de Télagh, la récolte moyenne ne devait pas excéder 0,15 m3/ha an comme à Djelfa par conséquent. L'usine de Télagh a également été fermée apparemment sans crier gare.
Sur de grandes étendues forestières en Algérie il n'était pas envisageable en 1970 de récolter sur le temps long plus de 0,15 m3/ha/an pour commencer. À l'intérieur de ces étendues on pouvait trouver des zones à 0,4-0,5 m3/ha/an comme à Senalba Gharbi et des territoires à 0 m3/ha/an comme à Djebel Zemra et Djebel Bou Denzir dépendant aujourd'hui de la wilaya de M'Sila.
Aujourd'hui les formations forestières d'Algérie, qu'on dit couvrir environ 4 millions d'hectares, se trouvent dans l'impossibilité de fournir en rendement soutenu une production de 600 000 m3 correspondant à une récolte moyenne de 0,15 m3/ha/an. Il n'est même pas certain que la possibilité atteigne 200 000 m3/an ce qui reviendrait à 0,05 m3/ha/an.
L'Algérie forestière a manqué à ses devoirs malgré la présence d'un personnel de terrain de valeur fréquemment exceptionnelle: Abdelhamid Bérini, Abderramane Khaldi, Miloud Didaoui, Mohamed Boussiri, Younes Atek, Said Kebab, Belhamel, Yahiaoui, Senouci Brahmi, Bensafi Nedder... et tant d'autres.
Mais la hiérarchie - ingénieurs issus des grandes écoles forestières européennes et docteurs en sciences en premier lieu - a failli.
Dans le domaine forestier, quel ingénieur d'État ou docteur en sciences peut prétendre aujourd'hui atteindre la compétence de Abdelkader Djiid ou de Lakehal Belabbas?