Cela fait à présent 50 ans - novembre 1967 exactement - que le cyprès de Duprez retient notre attention et mobilise nos efforts. Avec des résultats extrêmement modestes en comparaison de l'énergie mobilisée. La raison est connue: un individu isolé ne dispose pas de la capacité d'assurer une production d'un grand intérêt lorsque c'est la synergie d'une équipe pourvue de moyens conséquents qui est requise en pareil cas.
Si l'inventaire dans son aire spontanée de cette espèce survivant dans une région désertique s'impose avant toute chose, son introduction hors de son habitat naturel mérite également de retenir l'attention. Sur le blog de ce site figurent des lieux de plantation des cyprès du Tassili relevés à partir de recherches sur internet.
Ces jours derniers, une pharmacienne française, Mya Boukhobza, m'a amicalement transmis le contenu d'une thèse soutenue en 2008 par une doctorante mexicaine du nom de Juana RIVERA NAVA où il est fait état des stations à cyprès de Duprez en France notamment.
Pour ce qui est des sites hors de France nous pensons avoir réuni des informations pouvant utilement compléter celles de Mme Rivera Nava qui revient dans son opus sur notre voyage de 1971-1972, expédition qui aboutira en son temps à l'inventaire le plus exhaustif de l'espèce in situ. Quatre guides durent se relayer dans cette vaste région pour mener ce travail à son terme le dernier, Machar Djebrine, l'illustre collaborateur du préhistorien Henri Lhote, étant semble-t-il à l'époque le seul à bien connaître la partie septentrionale du territoire à cyprès que cartographiera environ un quart de siècle plus tard la botaniste Fatiha Abdoun. Le propre fils de Djebrine; Bilal Ben Djebrine, lui-même guide d'une vingtaine d'années, ignorait tout du territoire que nous fit découvrir le père.
Lorsque nous quittâmes le plateau du Tassili pour redescendre sur Djanet nous savions - grâce à Djebrine - qu'il restait 5 à 6 stations à visiter après la dernière halte de Tiddedj où furent observés, numérotés et décrits 9 individus portant les indicatifs 222, 223, 224, 225, 226, 227, 228, 229, et 230. L'arbre de plus grande taille atteignait 14,50 m de haut tandis que le plus petit ne dépassait pas 4 m.
Il a été par la suite régulièrement proposé - toutes les cinq années pour être précis - de compléter l'inventaire inachevé et de composer une équipe de prospection mieux pourvue en compétences par exemple dans les domaines de la botanique systématique, de la biologie végétale, la cartographie, la géographie... La question de la toponymie devait notamment impérativement être réglée tant la dénomination d'un même lieu pouvait varier d'une personne à une autre.
Le cyprès de Duprez est plutôt un arbre d'altitude préférant les lieux frais. Rien de surprenant par conséquent à ce qu'on le retrouve souvent on fond de canyons étroits bordés de falaises abruptes proches de la verticale où pratiquement personne n'a de raison de se rendre. Aussi peut-on imaginer qu'il existe plus que les cinq à six stations à découvrir qu'évoquait Djebrine, lui-même n'ayant pas forcément ressenti la nécessité de visiter la totalité des profondes entailles, défilés, qui couvrent le Tassili.
La première expédition de novembre 1967 ne permit pas d'obtenir des résultats marquants puisque nos guides nous firent, à peu de choses près, refaire le trajet qu'effectuèrent en 1965-1966 le professeur Barry et ses collaborateurs parmi lesquels l'éminent botaniste Louis Faurel qui exerça longtemps à la faculté des sciences de l'université d'Alger. En 1967 nous ignorions tout d'ailleurs de cette mission scientifique puisque ce ne sera qu'en 1970 que paraîtra leur travail dans le Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de l'Afrique du Nord, publication de grand renom en son temps.
Des demandes ont été adressées aux autorités compétentes pour l'organisation d'expéditions sur le plateau du Tassili pour, tour à tour, les années 1977, 1982, 1987, 1992, 1997, 2002, 2007, 2012, 2017. Sans résultat.
Appel est lancé cette fois en vue de réunir les moyens permettant de poursuivre le dénombrement des cyprès de Duprez durant l'année 2022.
Revenons à présent à l'inventaire des sites à cyprès tel que présenté en 2008 par J. L. Rivera Nava reprenant le travail de C. Laguerre réalisé en 2006.
Cupressus dupreziana en France (par département; citation par ordre alphabétique)
Alpes-Maritimes: Antibes, Antibes- Massif de l'Esterel, Menton, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Vallauris, Golfe Juan.
Aude: Villardebelle.
Bouches-du Rhône: Aix-en-Provence, Avrons, Roquevaire.
Cantal: Lieu non précisé.
Essonne: Dourdan, Orsay.
Eure: Arboretum d'Harcourt.
Gard: Anduze.
Haute-Garonne: Toulouse.
Hérault: Montpellier, Pignan.
Isère: Eyzin-Pinet, Saint Barthélémy de Séchilienne.
Nota
Les cyprès du Tassili d'Eyzin-Pinet se trouvent, à 350 m d'altitude, dans la propriété d'Alexis Monjauze (1906-2001), ingénieur général des eaux et forêts qui fut responsable de l'administration forestière d'Algérie de 1960 à 1962. Il devint par la suite conseiller du ministre de l'agriculture et, selon certains, était consulté par la présidence de la République du temps de Houari Boumediène.
Il débute sa carrière de forestier à Jijel mais les six années qu'il passera à Djelfa le marqueront durablement. Une biographie détaillée d'Alexis Monjauze se trouve sur internet.
Références:
Barry J. P., Belin B., Celles J. C., Dubost D. Faurel L., Hethener P. 1970. Essai de monograhie du Cupressus dupreziana A. Camus, cyprès endémique du Tassili des Ajjer (Sahara Central). Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle dl'Afrique du Nord, 61,112: 95-178.
Grim, S. - Cyprès du Tassili/ Au-delà de l'imagination. El Watan, 27-28 nov. 1992.
Abdoun,F. et Beddiaf, M - Cupressus dupreziana A. Camus. Répartition,dépérissement et régénération au Tassili n'Ajjer. Comptes Rendus, Biologies, 2002, 325: 617-627.
Laguerre, C. - Inventaire des ressources d'une espèce menacée: le cyprès du Tassili (Cupressus dupreziana A. Camus) - Mémoire bibliographique, 2006.
Rivera Nava, J. L. - Stratégie Mère Porteuse chez Cupressus dupreziana A. Camus (cyprès du Tassili) - Analyse, conséquences et perspectives. Thèse de doctorat es sciences, 2008, 129 p.
Grim, S. - Cupressus dupreziana hors de son aire naturelle. Blog (13-24/3/2013) de
www.foretnumide.com
Nota
On doit garder à l'esprit le bon travail réalisé dans les années 1990 par Fatiha Sahli sur plusieurs sites à cyprès plantés en diverses régions d'Algérie (cf. à la date du 7 janvier 2013 le blog de www.foretnumide.com).
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